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French to Spanish: Petites reines, chapitre 37 (Jimmy Lévy) General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French 37
Hiver
Ici je suis seule et personne ne viendra me chercher. Du haut de cette montagne je peux contempler les deux versants de ma vie. Celui qui descend vers mon village au bord du désert où se perd le sillon de la rivière. L’autre à l’opposé qui dévale à pic sur des plaines inexplorées, des savanes obscures dont je n’ai pas idée. C’est à leur lisière que je descends la nuit pour cueillir les quelques baies qui me servent de subsistance. Deux lunes ont passé et je me déplace de plus en plus péniblement à cause de ce fardeaux vivant qui étire ma peau et poignarde mes entrailles. Parfois j’entends grimper des guerriers de la tribu d’Angoa qui se hissent au sommet pour épier mon village. Ils ne se doutent pas de ma présence sous leurs pieds, dans l’ombre de ma grotte. J’en ai déniché les serpents pour prendre leur place. Je suis devenue serpent. Au-dessus de moi, je les entends clamer leur soif de revanche et leur impuissance à nous anéantir. Je comprends qu’ils craignent une dernière attaque avant les pluies, qui ne viennent toujours pas.
Parfois, quand je descends à l’ombre de la lune faire une cueillette, je devine leur village d’où montent des fumées. Il est au pied d’une autre montagne, plus haute que la mienne et plus vaste. J’entends les voix des mères et les cris des enfants. Je sens le fumet de leurs cuissons. C’est là qu’Angoa cache sa peur, dans le bruit des siens. Je ne le rechercherai plus. Il s’est dissous avec mon rêve de petite reine. Je remonte à ma grotte quand le jour se lève, les bras chargés de fruits pourrissants et de racines malingres. Je fuis la lumière dans ma demeure serpentine. Je ne parle ni ne ris plus. Mes pleurs semblent lointains. Ils sont restés ensevelis dans le lit vide de la rivière. Ou dans l’écorce du rocher lisse. Je reste assisse autour de mon ventre dans la fraîcheur de ma grotte, à regarder jusqu'à l’éblouissement ma fenêtre de pierre. En face, la montagne blanche reste muette. Les dieux sont à sec.
Ici je ne suis reine de rien. J’attends juste d’expulser mon intrus. De m’en débarrasser dans un nid de scorpions. De le précipiter dans le vide sur le versant des plaines où il amusera un chacal ou repaîtra une buse. Ensuite j’y verrai plus clair. Je choisirai. Retourner à mon village pour reprendre mon sceptre. Ou disparaître dans les plaines herbeuses à jamais. Je choisirai lègère. Légère de mon fardeau, de mon sceptre et de mon village. Si je dis que je choisirai, c’est que j’ai déjà choisi. Je n’y pense pas trop, pour ne pas gâcher la surprise. Pour l’instant mon ventre me bouche la vue.
Je dors l’essentiel du temps, jusqu’à ce que mon intrus me réveille. Je rêve de terres inconnues, où rien ne me ressemble. Il y a des formes et des couleurs complexes. Des peuples inouïs. Des rivières débordantes et des arbres qui ploient dessus. Parfois Nago m’apparaît. Je ne le reconnais pas tout de suite dans son habit de mort. Il me fuit. Je le poursuis pour découvrir sa cachette. Là où les morts disparaissent. Je traverse des déserts lumineux et des montagnes molles. Des trous précédent mes pas. Je saute des vallées. Je cours jusqu’au bout de la terre, là où elle touche les étoiles. Au bord de la nuit, je me penche dans le ciel à la renverse, et il m’emporte vers le fond. Mais la faim et la douleur me ramènent à mon ventre, et je maudis toutes les mères et toutes les filles du monde. Il faut que je parte d’ici avant que je ne puisse plus bouger. Il faut que je descende dans les plaines inconnues.
Translation - Spanish 37
Invierno
Aquí estoy sola y nadie vendrá a buscarme. Desde lo alto de esta montaña puedo contemplar las dos vertientes de mi vida. La que baja hacia mi pueblo al borde del desierto donde se pierde el surco del río. La otra en el lado opuesto que desciende de forma abrupta sobre llanuras inexploradas, sabanas oscuras de las que no tengo ni idea. Por la noche desciendo hasta su linde para recolectar algunas bayas que me sirven de sustento. Han pasado dos lunas y me desplazo cada vez con más dificultad por culpa de la carga viviente que estira mi piel y desgarra mis entrañas. A veces escucho trepar a los guerreros de la tribu de Angoa que suben hasta la cima para espiar mi pueblo. No sospechan de mi presencia bajo sus pies, en la sombra de mi cueva. Expulsé de ella a las serpientes para ocupar su lugar. Me he convertido en serpiente. Sobre mí, los escucho clamar su sed de venganza y su impotencia para exterminarnos. Comprendo que temen un último ataque antes de las lluvias, que todavía no llegan.
A veces, cuando bajo escondida por la luna a recoger comida, diviso su pueblo del que suben columnas de humo. Está al pie de otra montaña, más alta que la mía y más extensa. Escucho las voces de las mujeres y los llantos de los niños. Siento el aroma de sus guisos. Allí es donde Angoa esconde su miedo, entre el ruido de los suyos. No le volveré a buscar. Se disolvió con mi sueño de pequeña reina. Vuelvo a ascender a mi cueva cuando sale el sol, con los brazos cargados de frutas podridas y raíces débiles. Huyo de la luz en mi morada de serpiente. Ya no hablo ni río. Mis lloros parecen lejanos. Se quedaron sepultados en el cauce vacío del río. O en el exterior de la roca lisa. Me quedo sentada alrededor de mi vientre en la frescura de mi cueva, observando mi ventana de piedra hasta deslumbrarme. Enfrente, la montaña blanca se queda callada. Los dioses están secos.
Aquí no soy reina de nada. Solo espero expulsar a mi intruso. Librarme de él en un nido de escorpiones. Tirarlo al vacío sobre la vertiente de las llanuras donde divertirá a un chacal o alimentará a un águila. Pronto lo veré más claro. Elegiré. Volver a mi pueblo para recuperar mi cetro. O desaparecer en las llanuras herbosas por siempre jamás. Elegiré ligera. Ligera de mi carga, de mi cetro y de mi pueblo. Si digo que elegiré, es que ya he elegido. No pienso mucho en ello, para no arruinar la sorpresa. Por ahora mi vientre me obstaculiza la visión.
Duermo la mayor parte del tiempo, hasta que mi intruso me despierta. Sueño con tierras desconocidas, donde nada se me parece. Hay formas y colores complejos. Pueblos increíbles. Ríos desbordantes y árboles que se inclinan hacia arriba. A veces se me aparece Nago. Al principio no lo reconozco con su traje de muerto. Huye de mí. Lo persigo para descubrir su escondite. Allí donde los muertos desaparecen. Atravieso desiertos luminosos y montañas blandas. Hay agujeros que preceden mis pasos. Salto valles. Corro hasta el final de la tierra, allí donde toca las estrellas. Al borde de la noche, me inclino de espaldas en el cielo, y me lleva hacia el fondo. Pero el hambre y el dolor me vuelven a llevar a mi vientre, y maldigo a todas las madres y a todas las hijas del mundo. Tengo que irme de aquí antes de que ya no pueda moverme. Tengo que bajar a las llanuras desconocidas.
French to Spanish: Les œufs sacrés de Demeter (El viaje de los nueve huevos de dragón), début chapitre 1 General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French Chapitre 1 — QUAND LA TERRE GRONDE
Dans sa demeure, la grande prêtresse s’immobilisa. Quelque chose se produisait. Tout son être le ressentait. Ses yeux violets se fixèrent sur le sismoscope, l’invention offerte par son ami et astronome chinois Zhang Heng.
L’ingénieux objet reposait sur une plaque avec, en son centre, une cruche. En guise d’anses, neuf dragons filiformes se succédaient à intervalles réguliers. Yéléna se souvenait des explications de son ami sur l’utilisation de ce détecteur de tremblement de terre. Il n’avait encore jamais servi… Aujourd’hui, elle avait presque l’impression d’entendre la voix de Zhang Heng :
— Lorsque le sol tremblera à Éphoria, le sismoscope entrera en action grâce au pendule à l’intérieur de la cruche. Le pendule déclenchera un levier qui fera s’ouvrir la gueule de l’un des dragons représentant les protecteurs d’Éphoria. Une bille sera expulsée et indiquera la direction dans laquelle aura eu lieu le tremblement de terre.
Yéléna observa pour la première fois le phénomène se produire sous ses yeux ébahis. L’effigie du dragon des Terres Volcaniques ouvrit sa gueule pour cracher sa bille dans la bouche ouverte de la grenouille du dessous… La grande prêtresse savait à quoi s’en tenir et sortit à la hâte.
Translation - Spanish Capítulo 1 — CUANDO LA TIERRA RETUMBE
La gran sacerdotisa se quedó inmóvil en medio de la habitación. Algo estaba sucediendo. Lo sentía con todo su ser. Sus ojos violetas fueron directos hacia el sismógrafo, la invención que le había ofrecido su amigo y astrónomo chino Zhang Heng.
El ingenioso objeto descansaba sobre una placa en cuyo centro había un cántaro, el cual estaba rodeado de nueve dragones alargados en forma de asa y colocados a la misma distancia unos de otros. Yelena recordó la explicación que le había dado su amigo sobre el funcionamiento del detector de terremotos. Nunca la había necesitado... Pero ese día le parecía escuchar la voz de Zhang Heng en su cabeza:
—Cuando el suelo tiemble en Eforia, el sismógrafo empezará a funcionar gracias al péndulo que se encuentra en el interior del cántaro. Este péndulo accionará una palanca que hará que uno de los dragones que representan a los protectores de Eforia abra la boca. De ella saldrá una pequeña bola que indicará la dirección en la que habrá tenido lugar el terremoto.
Yelena observó cómo el fenómeno se producía frente a sus ojos por primera vez. La efigie del dragón de Tierras Volcánicas abrió su boca y escupió la bolita en la boca abierta de la rana que se encontraba debajo... La gran sacerdotisa supo que había llegado el momento y salió con premura.
French to Spanish: Elias Sparte: L'oracle des trois soleils (Elías Esparta: El oráculo de los tres soles), premières 10 pages General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French PROLOGUE
Éphoria est une contrée d’ici, lointaine, ignorée, inconnue… Un pays qui vient du fond des âges. Il était présent hier, il l’est aujourd’hui et il le sera encore demain… sans doute.
C’est un endroit caché et qui sait demeurer silencieux… Nos légendes de par le monde abondent de ses récits. Quelques religions se sont même emparées de certains rituels pour les intégrer dans leurs croyances. Il suffit d’être attentif pour en reconnaître la véritable origine.
Mais tout cela se perd dans la nuit des temps...
1
LES TERRES HERBEUSES
Élias Sparte habitait depuis peu un village proche d’Athènes. Il avait fêté son douzième anniversaire deux semaines avant le tragique accident qui avait causé la mort de ses parents et bouleversé sa vie. Son grand-père, Kristos, l’avait recueilli dans son monde solitaire et silencieux. Quand le vieil homme parlait, c’était la plupart du temps pour médire des parents d’Élias, de sa mère, surtout ! Il ne se gênait pas non plus pour critiquer Élias avec ses cheveux bruns trop longs !
Soucieux d’éviter son aïeul, le jeune garçon préférait traîner dans la plaine où les champs d’oliviers côtoyaient les vignes. Le calme et la solitude qu’il y retrouvait tempéraient son humeur. Il y faisait souvent un détour après l’école pour y passer quelque temps avant de rentrer à la maison. Ce jour-là, il s’attarda plus longuement. De son sac à dos ultra plat, il sortit un bouclier de bois qu’il avait lui-même fabriqué, patiemment poli et gravé, au centre, de ses initiales : E.S. Le pourtour était agrémenté de douze creux circulaires. Élias aimait sentir les courbes lisses sous ses doigts. Il y avait mis tout son cœur, tout son temps libre, mais le résultat en valait la peine ! Ce bouclier était le seul souvenir tangible de sa vie passée. Aujourd’hui, il l’avait présenté aux élèves de sa classe à l’occasion d’un exposé sur l’époque médiévale.
Refusant de laisser des larmes l’envahir, Élias déversa son trop-plein d’émotion en opposant sa rondache à un adversaire invisible. Le plaisir du jeu ne tarda pas ; Élias Sparte était devenu un guerrier courageux et invincible…
Le soleil commençait à descendre à l’horizon dans ce ciel bleu de fin d’après-midi. Élias savait qu’il ne devait pas s’éterniser où il raterait le repas du soir. Il avait faim d’autant qu’il n’était guère charnu. Certains n’hésitaient pas à le qualifier de gringalet, comme la bande d’Andréis par exemple !
Élias pressa le pas, son bouclier maintenu au bras par sa sangle de cuir et sa poignée métallique. Il donna machinalement un coup de pied sur une pierre et l’observa s’élever, emportant un nuage de poussière crayeuse pour retomber lourdement sur le bas-côté. Presque au même moment, il entendit un bruit dans un buisson. Des voix, ou plutôt des murmures. Intrigué, il avança, légèrement courbé. Élias avait conscience qu’il ne devrait pas, que cela ne le regardait pas… Mais c’était plus fort que lui !
Tandis qu’il approchait, des pas derrière lui le firent se retourner. Il eut juste le temps d’apercevoir Andréis avant qu’il le pousse dans le bosquet. Deux comparses riaient aux éclats. Sous les moqueries, Élias essaya de s’extirper de sa position inconfortable, utilisant son bouclier comme support.
Il s’était à peine relevé que l’azur s’obscurcit d’un coup. Un énorme nuage noirâtre, suivi de près par un nuage violet des plus insolites, inonda le ciel. Une zébrure jaillit sans crier gare et traversa la voûte céleste. La bouche ouverte, Andréis et les deux autres garçons furent propulsés plusieurs mètres en arrière, retombant lourdement sur leurs fesses. La pointe de l’éclair vint, quant à elle, percuter violemment Élias. La main toujours sur son bouclier de bois, il fut soulevé au-dessus du buisson quelques nanosecondes puis disparut sous le regard ahuri d’Andréis et sa bande…
* * *
Yéléna, la grande prêtresse de la cité d’Éphoria, marchait vers les Terres Herbeuses. Ses pieds nus, arrosés par le timide matin, glissaient sur la végétation généreuse. Dans sa main droite, elle tenait une longue tige d’or tressée et surmontée de deux superbes sculptures de bois : un aigle adossé au serpent sacré. Sur sa tunique d’un blanc éclatant, Yéléna arborait les plaques d’or gravées des dieux et déesses qu’elle servait. Le somptueux bijou était maintenu à ses épaules par deux fibules d’or à l’effigie du serpent et de l’aigle. Un triple anneau d’or en forme de serpent s’enroulait sur le haut de son bras droit. Son épaisse chevelure argentée tombait librement jusqu’à la taille. Parfois, quelques mèches semblaient se rebeller et s’élevaient dans les airs, sans raison apparente.
Dans leur tunique ocre bordée de fils d’or, quatre sages à la longue barbe marchaient à sa suite, pieds nus eux aussi. Une jeune fille au corps frêle et au visage d’une pâleur quasi spectrale fermait le cortège matinal. À l’occasion de cette cérémonie, la tête d’Auxane était couronnée de violettes, ces fleurs créées par Zeus lui-même. L’adolescente aux longs cheveux lisses et blancs avait onze ans et était l’élève de la grande prêtresse depuis un an. Il lui faudrait du temps pour tenter d’égaler les extraordinaires pouvoirs et connaissances de Yéléna. Un immense savoir que cette dernière lui prodiguait parfois en secret pour ne pas apeurer la population, toujours craintive face à une certaine forme de magie… Quand Auxane s’inquiétait de ne pas être à la hauteur, Yéléna lui rappelait qu’elle avait été choisie par les dieux de l’Olympe.
Auxane se souvenait de sa première rencontre avec la grande prêtresse ; celle-ci était venue la chercher sur les Terres Glaciaires, à la suite d’un oracle d’Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre. C’était le troisième jour après les funérailles de ses parents. Il y avait eu des offrandes de sel, de gâteaux et de fruits, des libations de lait et de vin dans des vases percés afin de permettre à ses parents de continuer à vivre sous terre. Un frisson parcourut la jeune Auxane. Son regard gris se brouilla un instant à l’évocation de ce souvenir.
Un gros corbeau blanc survola le groupe avec insistance. Yéléna se sentit transportée par ce présage. Apollon, le dieu de la lumière, de l’harmonie et de la divination, manifestait sa présence par l’entremise de son compagnon préféré.
La procession arrivait sur le mont Tamaros, près du village des Terres Herbeuses et à l’écart de la cité du roi Drakéon. Surplombant maintenant le vaste royaume, Yéléna embrassa d’un œil aiguisé les terres d’Éphoria. Le palais se dressait en plein cœur des neuf terres : un ouvrage massif de pierres blanches, bâti parfois avec le sang du peuple. La grande prêtresse sentait souvent la présence de Drakéon. Il rôdait, s’attardait, sans pour autant oser s’attaquer ouvertement à Yéléna…
La grande prêtresse savait qu’elle devait rester vigilante, car les aptitudes tout autant que la richesse du roi s’accentuaient au fil des ans… Devait-elle formuler quelque regret ? Ses pouvoirs demeuraient bien plus puissants, mais pour combien de temps ? Et il y avait aussi Antarès, le fils du roi. Il prenait plaisir à exercer son autorité tyrannique sur la population. Yéléna consultait régulièrement les éléments et les dieux… L’équilibre d’Éphoria était menacé. Les dragons ancestraux ne dispensaient plus leur sagesse ni leur protection sur les Terres et cela semblait arranger fortement Drakéon.
L’oracle des trois soleils avait révélé qu’aujourd’hui marquerait la venue de l’élu manquant. Yéléna savait que ce mois était favorable. La veille, dix oiseaux s’étaient envolés des mûriers proches de sa maison en direction des trois astres levants pour apporter la lumière au monde. La grande prêtresse avait longuement suivi le trajet des corbeaux freux.
C’était un début de cycle sur Éphoria. Toutes les forces de la nature se conjuguaient. Les dieux visitaient les habitants à leur manière. Le temps et l’espace, le monde du visible et de l’invisible entraient en communion.
Un fastueux banquet avait célébré la fin de l’été et le commencement de l’automne. Les citoyens des Terres Herbeuses avaient engrangé la dernière récolte, ramené les troupeaux et versé son tribut à Drakéon, qui s’était montré plus gourmand que l’année précédente. Quelques-uns s’étaient opposés. Les plus téméraires en avaient payé de leur vie, les autres avaient subi des coups de fouet…
Sereine, la grande prêtresse continuait à mâcher une herbe spéciale concoctée par ses soins. L’herbe provoquait des révélations, préparait la venue des dieux. Les quatre sages levaient régulièrement les bras pour honorer les trois soleils d’un geste de la main. Puis, en chœur, ils scandaient :
— Le bien-être et le salut des villageois des Terres Herbeuses, de leurs femmes et de leurs enfants, ainsi que de tous les habitants du pays d’Éphoria.
Le groupe était arrivé au sanctuaire oraculaire, où un immense chêne au feuillage perpétuellement vert se déployait. Plusieurs boucliers pris aux ennemis lors de combats victorieux avaient été suspendus aux branches. Des vases d’airain y étaient également accrochés et, se joignant aux rondaches, résonnaient en s’entrechoquant sous le vent qui gonflait, délivrant ses messages aux prêtres attentifs.
Yéléna demanda à Auxane de s’asseoir sous les feuillages, d’observer, et de se laisser aller à ses intuitions. La jeune apprentie éprouva une certaine peur. Elle craignait de ne pas être à la hauteur. Ses iris gris prirent une teinte plus sombre que remarqua la grande prêtresse. Pourtant, Yéléna ne dit rien de plus. Auxane obéit, le cœur à l’envers. L’herbe sous ses doigts était froide et gorgée de gouttelettes de rosée. Les quatre sages s’allongèrent, les bras écartés, les yeux ouverts.
Yéléna jeta sa tige tressée au sol. Celle-ci se transforma aussitôt en un immense serpent qui se mit à ramper puis à s’enrouler autour du tronc du chêne, comme s’il voulait rejoindre le gros corbeau blanc, perché sur une branche basse. La grande prêtresse enjamba les bornes qui délimitaient le téménos, l’espace sacré. Enfin, elle éleva les bras et présenta ses paumes ouvertes au ciel, désireuse de lier la dimension tellurienne au phénomène céleste. Elle déclama à son tour :
— Le bien-être et le salut des villageois des Terres Herbeuses, de leurs femmes et de leurs enfants, ainsi que de tous les habitants du pays d’Éphoria.
Tout à coup, la voûte azurée se zébra de plusieurs lumières éblouissantes. Des boules de feux traversèrent l’horizon. C’était Zeus, le dieu souverain, qui se manifestait. Il tenait en main la foudre à trois éclairs : le premier pour avertir, le second pour punir, et le troisième pour annoncer la fin des temps…
La prêtresse tourna lentement autour de l’énorme chêne, les deux bras à l’horizontale, les yeux enfiévrés. Les boucliers et les vases s’agitaient de façon inhabituelle. La pluie se déversait sur Yéléna, lui collant sa tunique sur la peau. Son pas s’accéléra, effleurant à peine le sol. Elle redressa son visage d’un ovale parfait, et, dans une langue inconnue des Éphoriens, discuta avec Zeus. Ses cheveux s’élevèrent dans les airs, formant une corolle sauvage. D’argent, ils virèrent au doré, comme s’ils possédaient une vie propre. Sa voix claire et douce prenait parfois une tonalité sombre et forte. Dix corbeaux freux s’envolèrent en même temps, puis tournoyèrent autour du chêne en poussant des cris aigus. Les quatre sages, toujours couchés, réinterprétaient le chant de Yéléna, les bras levés vers le ciel rougeoyant...
Auxane assistait à la scène en frissonnant. Elle n’avait pourtant pas froid, malgré sa fine tunique jaune rayon de miel. Dans un sursaut, elle suivit des yeux quatre flammes qui encerclèrent les poignets et les chevilles de Yéléna. Avec une extraordinaire légèreté, les liens de feu soulevèrent la grande prêtresse à un mètre du sol. Une longue et large spirale enflammée s’enroula autour du corps de Yéléna tandis qu’elle poursuivait un air troublant et entêtant, qui envahissait toute la colline, glissait sur le village des Terres Herbeuses et prolongea sa route au-delà. Auxane se surprit à reprendre ce chant, qu’elle était sûre, pourtant, de ne pas connaître. La jeune apprentie ferma les yeux et continua sa mélopée, dans un état second qui lui agitait tout son être.
* * *
Tandis que les trois soleils arrivaient à la verticale, l’orgueilleux Antarès, le fils du roi, se laissait porter par son pur-sang. Marchant à côté, en direction de la cité d’Éphoria, Sandros tenait mollement la bride du cheval.
Antarès était âgé de quatorze ans et possédait une chevelure brune et épaisse qu’il entretenait avec un soin jaloux. Il avait un an de plus que Sandros, son écuyer qu’il adorait rudoyer. Sa tunique pourpre, taillée dans un tissu parmi les plus chers, était recouverte d’une longue cape de même couleur qui retombait sur la croupe de son coursier. Il portait son précieux arc ainsi que son carquois, vide pour l’heure, en bandoulière. De rage, il avait brisé lui-même les dernières flèches avant de décider de rentrer au palais.
Antarès et Sandros revenaient de la chasse. De l’avis de son père, la traque était une phase incontournable de l’éducation. Cette activité exerçait le corps, habituait aux dangers et préparait pour la guerre. Pourtant, aujourd’hui, Antarès n’avait rapporté qu’une perdrix et il était de fort méchante humeur. Il accusa sans vergogne son écuyer aux cheveux blonds et courts. Antarès nourrissait animosité et soupçons à propos de Sandros. Était-il vraiment originaire des Terres Herbeuses ? Son père, le roi, lui assurait que oui. Ces suspicions contribuaient à rendre Sandros responsable, aux yeux de son maître, de cette maigre chasse. Antarès lui promit un juste châtiment à leur retour. L’écuyer ne s’en formalisait plus... Son regard bleu fixait l’horizon, les pensées vagabondes.
Sandros était habitué aux longues marches. Ses jambes, enveloppées dans un pantalon de lin ocre resserré aux chevilles, se mouvaient avec aisance sur le chemin. Sa courte tunique marron tombait mollement et lui arrivait tout juste en haut des cuisses. Un ceinturon maintenait sa dague en fer toujours à portée de la main. L’écuyer était plutôt adroit avec cette arme, un cadeau de son père peu avant sa disparition lors d’une bataille maritime en terre lointaine… Il y avait bien longtemps de cela. Pour l’heure, Sandros courbait l’échine… Il essayait aussi d’éviter les bottes d’Antarès. Ce n’était guère aisé. Il suffisait que le cheval fasse un écart pour qu’il se retrouve contre son flanc. Antarès n’en demandait pas plus pour imprimer sa semelle sur le dos du malheureux. Sandros grimaçait simplement. Après tout, la grande prêtresse ne l’instruisait pas pour le voir démontrer sa colère, même si l’envie était souvent forte. Sandros devait pourtant reconnaître que les coups que lui infligeait Antarès n’étaient pas si douloureux ; son dos était presque totalement recouvert d’écailles épaisses d’un vert sombre…
Soudain, le pur-sang hennit et se cabra violemment sous l’apparition d’un étranger sur le chemin. Antarès tomba lourdement sur le sol. Sandros s’efforça de calmer la bête, puis aida son maître à se relever. Le regard furieux, Antarès écarta sans ménagement l’écuyer, puis secoua d’un geste rageur ses vêtements poussiéreux. Il sortit aussitôt sa longue épée en avançant vers le fautif.
— Qui que tu sois, tu vas regretter de m’avoir fait chuter !
Yéléna apparut soudain. Comme à son habitude, personne ne l’avait entendue arriver. D’un mouvement impératif, elle leva sa tige d’or vers Antarès, tout en enveloppant les épaules d’Élias de l’autre bras.
— Tu ne toucheras pas un cheveu de ce garçon ! commença-t-elle calmement. Il se nomme Élias Sparte. Il vient de très loin. Les dieux de l’Olympe l’ont mis sous ma protection…
— C’est toi qui le dis, Yéléna ! rétorqua Antarès, plein de fiel. Mon père ne l’entendra pas ainsi !
— Le roi Drakéon ne peut rien face à l’oracle des trois soleils…
Sandros et Antarès regardèrent la grande prêtresse sans comprendre. Quant à Élias, il était hagard, épuisé. Il avait erré la nuit durant dans cet endroit inconnu, et avait l’impression d’être dans un cauchemar qui avait l’air très réel. Yéléna poursuivit de sa voix éthérée, en pointant un bras vers les trois astres :
— Éphoria vient d’entrer dans son cycle des trois mille ans. C’est une ère de changement.
Antarès soutint brièvement le regard de la prêtresse, mais ne put s’empêcher de le détourner. Il avait ressenti une vive brûlure. Il détestait Yéléna depuis toujours et sa haine semblait plus féroce aujourd’hui. Le fils de Drakéon enveloppa l’étranger de cette même haine. Yéléna continua tranquillement :
— Hier matin, les trois soleils se sont levés en même temps…
Sandros sortit de sa torpeur et s’exclama :
— C’est vrai, je l’ai remarqué ! Je préparais le cheval d’Antarès… C’était surprenant.
— Je n’ai rien vu, argua Antarès en toisant Sandros.
Il s’apprêtait à asséner un coup à son écuyer, mais la prêtresse intervint de nouveau. Elle présenta sa paume au visage d’Antarès. L’instant d’après, une boule de feu flotta dans l’air une fraction de seconde avant de s’infiltrer dans la bouche entrouverte d’Antarès. L’infortuné porta ses mains à sa gorge tandis que son faciès devenait d’un rouge inquiétant. Les yeux agrandis d’effroi, Antarès tomba à genoux, incapable d’articuler un son.
Yéléna affirma que son malaise se dissiperait sous peu, puis elle partit, emmenant l’étranger. Sandros rit intérieurement devant son maître humilié, regrettant simplement que l’effet ne durât pas plus longtemps…
Translation - Spanish PRÓLOGO
Eforia es una región de por aquí, lejana, ignorada, desconocida… Un país que lleva existiendo desde los albores de los tiempos. Existía ayer, existe hoy y existirá mañana... sin lugar a dudas.
Es un lugar escondido y que sabe mantenerse en silencio... En nuestras leyendas de todo el mundo abundan sus relatos. Algunas religiones se han incluso apropiado de algunos rituales para integrarlos en sus creencias. Solo hace falta estar atento para reconocer su verdadero origen.
Pero todo esto se pierde en el tiempo...
1
TIERRAS HERBOSAS
Elías Esparta vivía desde hace poco tiempo en un pueblo cercano a Atenas. Sus padres murieron en un trágico accidente de tráfico dos semanas después de celebrar su duodécimo cumpleaños y después de eso, obviamente, su vida cambió drásticamente. Su abuelo, Kristos, lo acogió en su mundo solitario y silencioso. Cuando el anciano hablaba, casi siempre era para hablar mal de los padres de Elías, ¡sobre todo de su madre! Y además no vacilaba en criticar a Elías con su pelo castaño demasiado largo.
Para evitar a su abuelo, Elías prefería pasar el tiempo en la llanura, donde los olivares lindaban con las viñas. Allí encontraba la calma y la soledad que necesitaba para atenuar su mal humor. A menudo hacía un rodeo después de clase y pasaba allí un rato antes de volver a casa. Aquel día se quedó más tiempo. De su mochila sacó un escudo de madera que él mismo había fabricado y pulido, y en el que había grabado sus iniciales: E.E. También había adornado el contorno con doce hendiduras circulares. Le encantaba sentir los bordes lisos bajo las yemas de sus dedos. Había puesto su corazón, y todo su tiempo libre, en construir ese escudo, pero el resultado valía la pena. Era el único recuerdo tangible que le quedaba de su antigua vida. Aquel día había aprovechado para enseñárselo a sus compañeros de clase utilizando como excusa una presentación sobre la época medieval.
No quería dejar que sus lágrimas lo invadieran, así que cogió su escudo y descargó todas sus emociones contra un adversario invisible. La diversión no tardó en atraparlo; Elías Esparta se había convertido en un guerrero valiente e invencible...
El sol empezó a ponerse en el horizonte bajo el cielo azul de media tarde. Elías sabía que no podía tardar mucho o no llegaría a casa a tiempo para la cena. Tenía hambre, sobre todo porque era bastante delgado. Algunos no dudarían en llamarlo enclenque, ¡como los amigos de Andréis, por ejemplo!
Elías se ajustó la correa de cuero y la muñequera de metal del escudo al brazo y apuró el paso. Sin darse cuenta, dio una patada a una piedra y observó cómo se elevaba, llevando una nube de polvo blanco tras ella, y cómo volvía a caer a un lado del camino. Casi al mismo tiempo escuchó un ruido tras un arbusto. Voces, o más bien murmullos. Intrigado, se acercó, agachándose. Sabía que no debía hacerlo, que no le incumbía, pero la curiosidad era más fuerte que él.
Mientras se acercaba, el sonido de unos pasos a su espalda hicieron que se diera la vuelta. Solo le dio tiempo a ver a Andréis antes de que lo empujara hacia los árboles. Dos compinches reían a carcajadas. Mientras se burlaban de él, Elías intentó escaparse de su incómoda posición ayudándose de su escudo para levantarse.
Apenas se acababa de levantar cuando de repente el cielo se oscureció. Una enorme nube negra, seguida de cerca por una nube morada de lo más extraño, inundó el cielo. Una línea surgió de golpe y porrazo y atravesó la bóveda celeste. Mientras estaban con la boca abierta, Andréis y los otros dos chicos fueron arrojados varios metros hacia atrás, cayendo de culo estruendosamente. La punta del relámpago, por su parte, alcanzó con violencia a Elías. Aún con el escudo de madera atado al brazo, se elevó sobre el arbusto durante unos nanosegundos y, después, desapareció bajo la mirada estupefacta de Andréis y sus amigos...
* * *
Yelena, la gran sacerdotisa de la ciudad de Eforia, caminaba hacia Tierras Herbosas. Sus pies desnudos, mojados por la tímida aurora, resbalaban sobre la generosa vegetación. En su mano derecha, llevaba una larga vara de oro trenzado y coronada por dos extraordinarias esculturas de madera: un águila apoyada sobre la serpiente sagrada. Sobre su túnica de un blanco resplandeciente enarbolaba las planchas de oro grabadas de los dioses y diosas a las que servía. La suntuosa joya estaba sujeta a sus hombros mediante dos broches de oro con la efigie de la serpiente y el águila. Un triple anillo de oro con forma de serpiente se enroscaba en su antebrazo derecho. Su espesa cabellera plateada le llegaba hasta la cintura. A veces, algunos mechones parecían rebelarse y se alzaban en el aire, sin ninguna razón aparente.
Tras ella caminaban, también descalzos, cuatro sabios con barba larga, vestidos con túnicas de color ocre bordadas con hilo de oro. Una adolescente de cuerpo frágil y cara tan pálida que parecía un fantasma cerraba la comitiva. Para celebrar esta ceremonia, Auxane llevaba sobre su cabeza una corona de violetas, esas flores creadas por el mismísimo Zeus. Tenía once años, pelo liso y blanco y llevaba siendo la discípula de la gran sacerdotisa desde hace un año. Necesitaría todavía unos cuantos años para aspirar a igualar los poderes y conocimientos extraordinarios de Yelena. A veces tenía que enseñarle ese inmenso saber en secreto para no asustar a la población, siempre temerosa frente a cualquier tipo de magia. Cuando Auxane temía no estar a la altura, Yelena le recordaba que había sido elegida por los dioses del Olimpo.
Auxane se acordaba de la primera vez que se encontró con la gran sacerdotisa ; había ido a buscarla a Tierras Glaciales, a la salida de un oráculo de Atenea, la diosa de la sabiduría y de la guerra. Fue tres días después del funeral de sus padres. Habían hecho ofrendas de sal, pasteles y frutas, y libaciones de leche y vino en vasijas con agujeros para que sus padres pudieran seguir viviendo bajo tierra. Un escalofrío recorrió el cuerpo de la joven. Por un instante se le nublaron los ojos grises al recordar ese momento.
Un gran cuervo blanco sobrevolaba el grupo con insistencia. Yelena se sentía conmovida por este presagio. Apolo, el dios de la luz, la armonía y la adivinación, manifestaba su presencia por medio de su compañero preferido.
La procesión llegó a la cima del monte Tamaros, cercano al pueblo de Tierras Herbosas y apartado de la ciudad del rey Drakeon. Desde allí arriba Yelena era capaz de abarcar con la mirada las vastas tierras del reino de Eforia. El palacio se alzaba en el centro de nueve tierras: era una obra masiva construida con piedras blancas y a veces con la sangre del pueblo. La gran sacerdotisa sentía a menudo la presencia de Drakeon. Notaba que merodeaba, se paraba cerca de ella, pero a pesar de ello no se atrevía a acercarse demasiado...
La gran poetisa sabía que tenía que mantenerse atenta, puesto que las capacidades del rey, al igual que su riqueza, se acentuaban con el paso de los años... ¿Debería sentirse mal por ello? Sus poderes seguían siendo bastante más poderosos, ¿pero por cuánto tiempo? Por no hablar de Antares, el hijo del rey. Disfrutaba ejerciendo su autoridad tiránica sobra la población. Yelena consultaba regularmente los elementos y los dioses... El equilibrio de Eforia estaba amenazado. Los dragones ancestrales ya no proporcionaban su sabiduría ni su protección sobre las tierras y eso parecía venirle muy bien a Drakeon.
El oráculo de los tres soles había revelado que ese día llegaría el elegido que faltaba. Yelena sabía que ese mes era favorable. La víspera, diez pájaros habían alzado el vuelo desde las zarzas que se encontraban cerca de su casa hacia los tres astros nacientes para traer la luz al mundo. La gran sacerdotisa había seguido detenidamente el trayecto de los cuervos.
Comenzaba un nuevo ciclo en Eforia. Todas las fuerzas de la naturaleza se estaban uniendo. Los dioses visitaban los habitantes a su manera. El tiempo y el espacio, el mundo de lo visible y de lo invisible se estaban fusionando.
Habían organizado un lujoso banquete para celebrar el final del verano y el comienzo del otoño. Los ciudadanos de Tierras Herbosas habían recolectado la última cosecha, traído de vuelta los rebaños y pagado su tributo a Drakeon, más caro que el del año anterior. Algunos se habían opuestos. Los más temerarios habían pagado con su vida; los demás, habían sido flagelados...
La gran sacerdotisa, serena, continuaba masticando una hierba especial preparada minuciosamente para ella. La hierba provocaba revelaciones y preparaba la llegada de los dioses. Los cuatro sabios alzaban los brazos a intervalos regulares para honrar a los dioses con este gesto. Después, en coro, recitaban:
— El bienestar y la salud de los aldeanos de Tierras Herbosas, de sus mujeres y de sus hijos, al igual que los de todos los habitantes del país de Eforia.
El grupo había llegado al santuario del oráculo, donde se alzaba un inmenso roble con follaje perennemente verde. De sus ramas colgaban varios escudos robados a los enemigos durante los combates vencidos. También colgaban vasijas de bronce y, cuando soplaba el viento, chocaban contra los escudos y resonaban, transmitiendo mensajes a los sacerdotes que prestaban atención.
Yelena le pidió a Auxane que se sentara bajo sus ramas, escuchara y se dejara llevar por sus intuiciones. La joven aprendiz sintió miedo. Temía no estar a la altura. Sus ojos grises se oscurecieron y la gran sacerdotisa se dió cuenta. Sin embargo, no dijo nada más. Auxane obedeció con el corazón en un puño. La hierba bajo sus dedos estaba fría y cubierta de pequeñas gotas de rocío. Los cuatro sabios se tumbaron con los brazos separados y los ojos abiertos.
Yelena tiró su vara trenzada al suelo. Esta se transformó inmediatamente en una inmensa serpiente que comenzó a reptar y se enroscó alrededor del tronco del roble, como si quisiera reunirse con el gran cuervo blanco, que se había posado sobre una rama basa. La gran sacerdotisa atravesó los límites que delimitan el témenos, el terreno sagrado. Finalmente, levantó los brazos y mostró sus palmas abiertas al cielo, deseosa de unir la dimensión terrenal con el fenómeno celeste. Tras esto, declamó a su vez:
— El bienestar y la salud de los aldeanos de Tierras Herbosas, de sus mujeres y de sus hijos, al igual que los de todos los habitantes del país de Eforia.
De repente, varias luces deslumbrantes rayan la bóveda teñida de azul. Bolas de fuego atraviesan el horizonte. Era Zeus, el dios soberano, que se manifestaba. Controlaba el rayo de los tres relámpagos: el primero advertía, el segundo castigaba y el tercero anunciaba el final de los tiempos...
La sacerdotisa giró lentamente alrededor del enorme roble, con los brazos horizontales y los ojos exaltados. Los escudos y las vasijas se agitaban de forma inusual. La lluvia caía sobre Yelena y hacía que la túnica se pegara a su piel. Aceleró el paso, hasta casi no rozar el suelo. Levantó su cara ovalada y, en un idioma desconocido por los eforianos, habló con Zeus. Su cabello se elevó en el aire, formando una corona salvaje. Eran plateados, pero se volvieron dorados, como si tuvieran vida propia. A ratos su voz clara y dulce adquiría un tono sombrío y fuerte. Diez cuervos alzaron el vuelo al mismo tiempo y después dieron vueltas alrededor del roble mientras daban gritos agudos. Los cuatro sabios, que seguían tumbados, reinterpretaban el canto de Yelena mientras alzaban los brazos hacia el cielo cada vez más rojizo...
Auxane observaba la escena entre escalofríos. Sin embargo, no tenía frío aún a pesar de la fina túnica color miel que llevaba puesta. Sobresaltada siguió con la mirada las cuatro llamas que comenzaron a rodear las muñecas y los tobillos de Yelena. Con una extraordinaria ligereza, los lazos de fuego levantaron a la gran sacerdotisa a un metro del suelo. Una larga y ancha espiral ardiente se enrolló alrededor del cuerpo de Yelena mientras ella mantenía un aspecto inquietante y embriagador que invadía toda la colina, se deslizaba sobre el pueblo de Tierras Herbosas y continuaba su camino más allá. Auxane se sorprendió uniéndose al canto, puesto que estaba segura de no conocerlo. La joven aprendiz cerró los ojos y continuó con un estado de ánimo que agitaba su interior.
* * *
Cuando los tres soles alcanzaron una posición vertical, Antares, el orgulloso hijo del rey, montó su purasangre y se dirigió hacia la ciudad de Eforia. A su lado, caminando, Sandros sujetaba sin ganas la brida del caballo.
Antares tenía catorce años y una cabellera oscura y espesa que cuidaba con mucho mimo. Tenía un año más que Sandros, su escudero, al que le encantaba tratar mal. Su túnica púrpura, hecha de las telas más costosas, estaba recubierta de una capa del mismo color que cubría la grupa de su montura. Llevaba en bandolera su valioso arco y su carcaj, vacío por el momento. En un ataque de rabia había roto con su propias manos las últimas flechas que le quedaban justo antes de decidir volver a palacio.
Estaban volviendo después de realizar una cacería. Según su padre, la caza era una fase imprescindible de la educación porque ejercitaba tu cuerpo, te acostumbraba los peligros y te preparaba para la guerra. Sin embargo, ese día Antares sólo conseguido una perdiz y estaba de muy mal humor. Acusó de esto sin ninguna vergüenza a su escudero de pelo rubio y corto. Sentía antipatía hacia él y albergaba dudas sobre él. ¿De verdad había nacido en Tierras Herbosas? Su padre, el rey, le aseguraba que sí. No obstante, esas dudas contribuían a que culpara a Sandros de la penosa cacería. Antares le prometió un justo castigo cuando llegaran a palacio. Él ni siquiera se ofendió; su mirada azul estaba fija en el horizonte mientras estaba distraído en sus pensamientos.
Sandros estaba acostumbrado a las largas caminatas. Sus piernas, envueltas por un pantalón de lino ocre que se estrechaba en los tobillos, recorrían el camino con facilidad. Llevaba puesta una túnica marrón que le llegaba a la altura de los muslos y un cinturón en el que guardaba una daga de hierro siempre a su alcance. El escudero era bastante diestro con esta arma, que le había regalado su padre poco antes de desaparecer mientras combatía en una batalla marítima en tierras lejanas... Pero eso había ocurrido hacía ya mucho tiempo. Por ahora, callaba y trabajaba. También intentaba evitar las botas de Antares, lo que no era fácil. Solo hacía falta que el caballo se desviara un poco para encontrarse a su costado. Antares no necesitaba más para marcar con su suela la espalda del desafortunado. Sandros simplemente hacía un gesto de dolor. Después de todo, la gran sacerdotisa no lo instruía para verlo demostrar su cólera, incluso si a menudo las ganas eran muchas. En cambio, lo que debía hacer era reconocer que los golpes que le daba no eran tan dolorosos; su espalda estaba casi completamente recubierta de gruesas escamas de color verde oscuro...
De repente, el purasangre comenzó a relinchar y se encabritó debido a la aparición de un extraño en el camino. Antarés cayó con violencia al suelo. Sandros trató de calmar a la bestia y, tras lograrlo, ayudó a levantarse a su amo. Este, con una mirada furiosa, apartó al escudero sin miramientos y sacudió con rabia el polvo de su túnica. Inmediatamente después sacó su larga espada y avanzó hacia el culpable de su caída.
— Seas quien seas, ¡te vas a arrepentir de haberme hecho caer!
Yelena apareció repentinamente. Como siempre, nadie la había oído llegar. Con un movimiento imperativo, apuntó a Antares con su vara de oro a la vez que cubría los hombros de Elías con el otro brazo.
— ¡No le tocarás ni un pelo a este muchacho! ─empezó a decir con calma─. Se llama Elías Esparta y viene de muy lejos. Los dioses del Olimpo la han puesto bajo mi protección.
— ¡Eso es lo que dices tú, Yelena! ─replicó Antares, lleno de odio─. ¡Mi padre no estará de acuerdo!
— El rey Drakeon no puede hacer nada frente al oráculo de los tres soles...
Sandros y Antares miraron a la gran sacerdotisa sin comprender nada. Respecto a Elías, estaba aturdido, agotado. Se había pasado todo la noche dando vueltas sin rumbo en ese lugar desconocido y tenía la impresión de que estaba en una pesadilla que parecía demasiado real. Yelena continuó hablando con su voz etérea, mientras con un brazo señalaba los tres astros:
— Eforia acaba de entrar en un ciclo de tres mil años. Estamos en una era de cambio.
Antares le mantuvo la mirada a la sacerdotisa brevemente, pero no pudo evitar desviarla al sentir una fuerte quemazón. Odiaba a Yelena desde siempre, pero ese día su odio parecía aún más feroz, un odio en el que envolvió también al forastero. Yelena continuó tranquilamente:
— Ayer por la mañana, los tres soles salieron al mismo tiempo...
Sandros salió de su estupor y exclamó:
— ¡Es cierto, yo me di cuenta! Estaba preparando el caballo de Antares... Era asombroso.
— Yo no vi nada ─alegó Antares, mirando a Sandros con desprecio.
Después se dispuso a asestar un golpe a su escudero, pero la sacerdotisa intervino de nuevo. Colocó la palma de su mano frente a la cara de Antares. Un instante más tarde, una bola de fuego atravesó el aire en una fracción de segundo y se coló en su boca entreabierta. El desgraciado se agarró la garganta con las manos mientras su rostro se volvía de un rojo alarmante. Sus ojos horrorizados se abrieron de par en par y cayó de rodillas, incapaz de articular ni un solo sonido.
Yelena afirmó que las molestias desaparecerían en poco tiempo y se marchó, llevándose al forastero con ella. Solamente quedaba Sandro riéndose por dentro frente a su amo humillado. Lo único que lamentaba era que el efecto no durara más tiempo...
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Translation education
Graduate diploma - Universidad de Salamanca
Experience
Years of experience: 6. Registered at ProZ.com: Aug 2018.
The only thing I love more than reading books is to translate them.
After studying Translation and Interpreting in the University of Salamanca, spending some time living in France and in Italy and meeting so many people from around the world, I realised that translation is my passion, as it can reunite people from so different backgrounds and make them understand each other as if there wasn't a language and culture barrier between them.
I'm more interested in literary and audiovisual translation,and those are the domains I am more used to work in. I have experience in subtitling, in translating subtitles, in dubbing (both as an actress and as a translator), in translating novels for young adultsand also theatre plays.
I am also a certified professional (I have a degree on Translation and Interpreting), but it doesn't stop there. Since I finished (2018) I continue studing and training myself, as I think that we always have to change with the times, as technology and knowledge never stop evolving. For example, I worked in France for 7 months, I did an intensive course on Modern Greek Language and I just finished a course on Audiovisual Translation of scripts for dubbing and voice-over (EN>ES).
Another field I am interested in is scientific translation. I may not be an expert in this particular field, but I am an expert in translation, and as such I know how to properly use many tools and ressources that will make my translation as good as if it was written by an expert in the field. I love reading popular science books, especially about physics, and I would love to engage in a proyect of this type.